Oct 18 – Nov 22, 2025

Close to the Night, Louis Le Kim

On entre dans une peinture de Louis Le Kim sans trop savoir si l’on va pouvoir en sortir. Le dédale est complexe, éclairé par des lumières changeantes, et s’ouvre à une infinité de passages.

Formé à la Villa Arson et aux Beaux-Arts de Paris, son trait donne corps à un imaginaire dystopique et à des paysages lointains que l’on aurait rêvé de découvrir derrière une porte restée close. Il trouve dans ces fragments abandonnés, vidés de toute présence humaine, une puissance symbolique où se croisent l’archétype de la caverne, espace de retrait et de révélation, et des panoramas métaphysiques suspendus entre rêve et silence.

S’inspirant à la fois des traces de l’histoire, des guerres et du temps, Louis Le Kim les transcende et met à l’épreuve les limites de notre regard dans des perspectives déconcertantes. À la Galerie Sultana, ses grands formats atteignent trois mètres de long, offrant un horizon ultra-détaillé de ses visions peut-être prophétiques : des scènes où nous n’avons plus notre place, parfois illuminées par un feu qui semble appeler à l’aide ou un halo ténu qui risque de s’évanouir. Car au cœur de cette obscurité, il y a toujours une issue. Même minuscule, au loin, discrète. Une étincelle finale, fragile mais persistante, qui inscrit ses toiles dans une forme d’optimisme paradoxal.

Ces compositions précises évoquent autant les Prisons imaginaires de Piranèse, labyrinthes où l’espace devient vertige, que les architectures désertées et photographiées par Ursula Schulz-Dornburg, où chaque bâtiment en béton conserve la mémoire d’un régime déchu. De ces rapprochements émerge une expérience ouverte, où le spectateur s’égare, happé par l’intuition d’une voie encore inexplorée. Ses petites créations sur bois offrent, elles, une autre échappée : des rectangles suspendus, totalement abstraits, qui semblent flotter en apesanteur.

Dans la série de vidéos Bypass, l’image ne se contente pas de montrer, elle trébuche, halète, s’infiltre. Les pas de l’explorateur cognent dans le métal, frottent contre la poussière, résonnent comme un corps aux aguets. L’expédition se déroule sans musique, seulement rythmée par le froissement des poches, le souffle et les claquements sourds.

Filmer devient une traversée physique, une mise en déséquilibre où chaque seuil franchi ouvre un risque. Les murs ne sont plus des contraintes mais des résistances à éprouver. Moins documentaires que symboliques, les vidéos de l’artiste rappellent directement sa peinture : elles rendent tangible un écroulement qui n’est pas une hypothèse mais une réalité déjà à l'œuvre.

Quelle que soit l’échelle ou le médium, la force du travail de Louis Le Kim réside dans l’ampleur de l’imaginaire projeté. Parcourir une de ses architectures fictives, c’est se perdre avec excitation dans un monde inhospitalier mais étonnamment séduisant, une ruine désolée mais traversée d’un éclat. C’est chercher l’impasse du regard et faire des détours, rester bloqué et s’en délecter.

Pierre-Antoine Lalande

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Stepping into a painting by Louis Le Kim, one is never certain of finding a way back out. The maze is complex, lit by shifting lights, and opens onto an infinity of passages.

Trained at the Villa Arson and the Beaux-Arts de Paris, his line gives form to a dystopian imaginary and to distant landscapes one might dream of discovering behind a door left forever closed. In these abandoned fragments, emptied of human presence, he finds a symbolic force where the archetype of the cave—both a place of withdrawal and revelation—intersects with metaphysical panoramas suspended between dream and silence.

Drawing on traces of history, war, and time, Le Kim transcends them, pushing perception to its limits through unsettling perspectives. At Galerie Sultana, his large-scale works reach up to three meters, offering ultra-detailed horizons that verge on the prophetic: scenes where we no longer belong, sometimes illuminated by a fire that seems to call for help, or by a faint halo on the verge of vanishing. Yet at the heart of this darkness, there is always an opening—tiny, distant, discreet. A final spark, fragile but insistent, that threads his canvases with a paradoxical optimism.

These precise works recall both Piranesi’s Imaginary Prisons—labyrinths where space itself becomes vertigo—and the deserted architectures photographed by Ursula Schulz-Dornburg, where each concrete structure preserves the memory of a fallen regime. From such echoes arises an open-ended experience, where the viewer drifts, drawn by the intuition of a still unexplored path. His small wooden panels suggest another kind of escape: suspended rectangles, entirely abstract, hovering in weightlessness.

In the Bypass video series, the image does not simply depict—it falters, gasps, seeps through. The explorer’s footsteps strike against metal, scrape dust, resound like a body on alert. The expedition unfolds without music, paced only by the rustle of fabric, the breath, the muffled thuds.

Filming becomes a physical crossing, a state of imbalance where each threshold entails risk. Walls are no longer boundaries but resistances to confront. More symbolic than documentary, Le Kim’s moving images closely echo his paintings: they render tangible a collapse that is not hypothetical but already underway.

Whatever the scale or medium, the strength of Le Kim’s practice lies in the vastness of the imaginary it projects. To walk through one of his fictional architectures is to lose oneself with exhilaration in a world at once inhospitable and strangely seductive—a desolate ruin still pierced by a glimmer. It is to seek out the dead ends of vision, to take detours, to remain blocked—and to savor it.

Pierre-Antoine Lalande

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Sans titre, 2025

10,4 x 15,3 cm

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Sans titre, 2025

9,8 x 17,7 cm

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BYPASS 5, 2022

Vidéo HD couleur, son / HD color video, sound

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BYPASS 5, 2022

Vidéo HD couleur, son / HD color video, sound

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Sans titre, 2025

97 x 145 cm

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Sans titre, 2025

16 x 22,9 cm

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Sans titre, 2025

17 x 24,8 cm

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Sans titre, 2025

17,7 x 21 cm